Alors ? Sommes-nous pour ou contre la mise en place du télétravail dans le futur ? La réponse implique d'être très au clair sur ses intentions :
- Valorisation délicate, sensible et stratégique de son capital humain ou simple réduction de coûts ?
- Autonomie et responsabilité, ou individualisme et insubordination ?
- Liberté ou abandon et précarisation ?
Pour ou contre le télétravail ? La réponse va se construire au cas par cas en ayant en tête quelques réflexions.
Du côté des télétravailleurs
- Tout le monde ne dispose pas d’un équipement high-tech à la maison
- Implique la nécessité de savoir gérer deux parties de sa vie au même endroit avec une délicate conciliation entre l’espace de travail et l’espace de vie
- Une situation qui peut engendrer un isolement social très sévère car souvent privé de soutien émotionnel et coupé de beaucoup d’informations informelles. Cet isolement peut conduire parfois à rejoindre des espaces de co-working afin d’éviter les risques de schizophrénie (risque soulevé par la médecine du travail)
- Obligation d’avoir un rythme et une organisation dans l’organisation : le télétravail n’est pas de la sous-traitance, le degré d'autonomie impact l’activité, la gestion de l’agenda, l’indépendance des tâches tout en sachant gérer le déficit d’information
Même si le télétravail séduit beaucoup pour des raisons évidentes de qualité de vie. Notamment avec des réductions de temps et de transport notamment, en pratique il n’est pas toujours facile à vivre. La nature des relations professionnelles est modifiée. On peut assister à une remise en cause du principe d’autorité et de contrôle avec des problèmes de communication, voire de fidélité envers l’entreprise.
Du côté des managers
- Il est indispensable d’instaurer de nouvelles règles d’organisation, claires et strictes
- Ils doivent aider leurs équipes à comprendre comment télétravailler et leur donner confiance en étant très présents. Cela conduit à développer un sens créatif sur les façons de communiquer avec elles
- La mise en place de réunions virtuelles avec des règles de bases, du type :
- Eteindre son téléphone portable et se concentrer sur la réunion
- Privilégier les visioconférences (quand les gens peuvent se voir cela change tout)
- Savoir prendre un temps avant de commencer l’ordre du jour pour compenser l’absence de machine à café
- Suivre d’un écrit
- Le salarié n’étant plus dans les locaux, les formes et outils de contrôle évoluent vers une automatisation, avec un risque de sur-contrôles intrusifs (mais aussi d’autocontrôle contre productif chez les salariés qui veulent justifier de leur travail)
Du côté du législateur
- La crise sanitaire n’est pas terminée. La dernière version du protocole sanitaire en entreprise (étendue à l’ensemble du territoire) prévoit que les entreprises définissent un plan d’action pour les prochaines semaines. Le but étant de réduire au maximum le temps de présence sur site des salariés.
- Le protocole sanitaire en entreprise a été actualisé en ce sens le 8 avril.
- L'inspection du travail peut contrôler l'effectivité de ces plans d'action, comme le prévoit une instruction du 25 mars 2021.
La baisse de la productivité n’est pas une fatalité. Certes, la capacité à résoudre un problème rapidement est entachée si l’on ne peut pas rencontrer la personne en temps réel. Son univers familial peut aussi être une lourde perturbation. Mais à part ces deux facteurs, les bienfaits liés aux temps de trajet en moins ainsi qu’aux distractions entre collègues réduites, sont de nature à augmenter la concentration et la qualité du travail. De nombreuses études scientifiques révèlent que le télétravail serait une source d’accroissement de la productivité … “Le meilleur moyen de savoir si vous pouvez faire confiance à quelqu’un est de lui faire confiance." Ernest Hemingway.
Soyons optimistes : lorsque la crise sanitaire sera derrière nous, pour tirer pleinement avantage de l’expérience vécue pendant cette période, une réflexion sur le télétravail sera nécessaire. Afin qu’il repose sur le volontariat et que sa durée ne dépasse pas un nombre maximum de jours par semaine (deux selon certaines études). Il s’agit d’une réponse à une demande de modernité dans l’organisation du travail. Celle-ci doit être en phase avec l’activité de l’entreprise. Cela oblige à une préparation dans sa mise en place avec le recul nécessaire qui permette de baliser différentes situations.