
Le mécénat de compétences : ou comment apporter à un projet plus qu’un soutien financier, un soutien technique ?!
Pouvoir contribuer personnellement à un projet, en lui apportant ses propres ressources et compétences, est extrêmement gratifiant. Que ce soit pour les salariés volontaires, pour l’entreprise ou pour l’association : il n’y a qu’à gagner. Les salariés peuvent s’identifier plus facilement aux valeurs et principes de l’entreprise, qui elle, gagnera en réputation et valorisera son image de marque. L’association, quant à elle, aura accès à de nouvelles compétences et pourra porter son projet plus loin.
Mais qu’est ce que le mécénat de compétences exactement ?
C’est une forme de mécénat en nature ; une mise à disposition gratuite de compétences de l’entreprise via des salariés volontaires, sur leur temps de travail, au profit d’une organisation soutenue. Plus grossièrement c’est un prêt de main d'œuvre, encouragé par un système de défiscalisation.
Attention à ne pas le confondre avec le parrainage ou le bénévolat de compétences. Le mécénat de compétences se différencie du bénévolat en 4 points :
- il est à l’initiative de l’entreprise et sur le temps de travail du salarié (qui sera donc payé pour le travail fourni),
- une convention de mise à disposition est conclue entre les deux parties,
- le lien de subordination est conservé par l’entreprise sur ses collaborateurs, les responsabilités civiles et pénales sont donc toujours engagées.
Il est également à différencier du parrainage : cet acte philanthropique ne se fait pas dans l’intérêt direct de l’entreprise, contrairement au parrainage qui est une dépense déductible engagée dans l’intérêt direct de l’entreprise. Le parrainage contribue à l’image de l’entreprise mais est considéré comme une dépense, (par exemple de marketing).
Juridiquement, ce mécénat peut prendre la forme :
- d’une prestation de service
- d’un prêt de main d’oeuvre
Quel impact ?
Pour une entreprise, les impacts du mécénat sont analysables à 3 niveaux : stratégique, interne et externe.
Offrir gratuitement une partie de ses compétences contribuera à l’image de marque de l’entreprise. Plus que d’améliorer sa réputation, il peut s’inscrire dans une démarche de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Il s’agit de stratégie.
C’est également l’opportunité, en externe, de se lier davantage avec les différents acteurs sociaux de son environnement. Enfin, en interne, l’entreprise pourra développer ses savoirs-faire en apportant à ses équipes adaptabilité, dextérité et empathie. Tout en diversifiant les parcours professionnels et donc les talents.
Le niveau interne de l'entreprise
Ce qui nous mène au niveau interne de l’entreprise : la diversification des missions permet aux collaborateurs de changer leur quotidien en développant leurs expériences et compétences. Avec des équipes plus épanouies, la motivation et les performances seront directement impactées en positif !
Pour ce qui est des impacts externes : les associations soutenues auront accès à des ressources et compétences nouvelles. En plus d’apprendre, le mécénat de compétences donne plus d’importance à leur projet et peut être un tremplin pour son développement.
Dans un contexte de baisse des subventions associatives, resserrer les liens entreprises / associations est primordial pour continuer de faire vivre des projets et soutenir des causes souvent en manque de moyens.
Le mécénat de compétence peut tout de même présenter un défi managérial : comment le mettre en place sans pour autant déstabiliser l’équilibre et le fonctionnement des équipes ?
Ce type de projet ajoute un volet nouveau de ressources humaines à des équipes parfois compliquées à manager. Pour éviter les problèmes de coordination et d’adaptation, il est préférable de choisir des équipes déjà bien installées avec une bonne synergie de groupe. Elles intégreront leurs nouvelles tâches plus facilement. En choisissant des salariés expérimentés, une meilleure adaptabilité au projet est assurée. Ce peut également être l’occasion d’améliorer les compétences et la motivation de salariés dont le profil est plus “stagnant”, en leur faisant vivre de nouvelles expériences professionnelles.
Le point primordial en tant que manager est de bien prévoir la mission et ses objectifs. En analysant la taille de l’association, le modèle d’organisation ainsi que la culture, sûrement différente de celle de l’entreprise, il pourra orienter son choix de l’équipe / du collaborateur à intégrer au projet.
Fiscalité - mécénat de compétences :
La loi du 1er août 2003, dite “Aillagon”, permet aux entreprises de défiscaliser 60% des salaires des collaborateurs. L’article 238 bis de cette même loi indique que la mise à disposition de salariés quelques heures par semaine peut faire l’objet d’une réduction d’impôts. Pour en savoir plus, cliquez-ici.
Comptabilité - mécénat de compétences :
Le mécène devra comptabiliser les charges en fonction de la nature du don réalisé. (charges d’exploitation ou charges exceptionnelles par exemple).
Le bénéficiaire quant à lui, aura deux possibilités. Selon l’article 211-1 du règlement ANC n°2018-06, il pourra comptabiliser au pied du compte de résultat en tant que contribution en travail, en biens ou en services. L'association pourra aussi décider de ne pas les comptabiliser, elle devrai alors se justifier dans son annexe.
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Le sujet de notre article précédent porte sur la différence entre les termes digitalisation, numérisation et informatisation. Pour le lire, cliquez-ici.