Décryptage 26/09/2022

Cryptoactifs, blockchain, NFT : que faut-il savoir ?

Par Ariane Charloup

Les cryptoactifs et tout l'univers qui les entoure ne sont pas simples à appréhender. Pour autant, ces univers prennent de plus en plus d’ampleur et il est important de les comprendre. Cet article sera à l’image de l’épisode de podcast sur lequel il est basé : une opportunité d’enfin comprendre ces sujets.

Ce dossier sur les cryptoactifs est directement lié à notre podcast Pod'Miel by bobbee. Dans l'épisode suivant, Stéphane Molère, spécialiste de la gestion de patrimoine, nous parle des cryptoactifs et c'est très intéressant.

Si vous préférez le format écrit ou que vous souhaitez de plus amples informations, ce dossier a été construit pour expliquer le plus clairement et simplement possible ce que sont les cryptoactifs et leurs enjeux. L'équipe bobbee vous souhaite une bonne lecture.

Pour commencer : quelques définitions

Blockchain :

[ Traduction française = chaîne de blocs ]

C’est un registre de transactions numériques, ou en d’autres termes, une technologie de stockage de base de données et de transmission d’informations. La blockchain contient toutes les transactions sous forme de code informatique. La première étant apparue en 1995, elle s’est véritablement développée à partir de 2008, avec l’arrivée du fameux « bitcoin ».

La blockchain permet à ses utilisateurs de partager des données sans intermédiaire, de manière très sécurisée et avec une grande transparence. En effet, la blockchain est publique, tout le monde peut y avoir accès. Chaque « bloc » est validé de façon décentralisée. La validation n'est pas contrôlée par une seule partie et c’est justement ce qui est à l’origine de sa grande sécurité et traçabilité. Les « mineurs » aussi appelés « nœuds » sont les personnes qui valident ces blocs. Une fois que la transaction est validée, elle est cryptée puis datée, avant d’être intégrée dans la blockchain. A partir de l’instant où la transaction est validée, il est impossible de la modifier. Elle est stockée à vie. D’où la sécurité, la transparence et la traçabilité de chaque transaction effectuée via la blockchain.

schéma blockchain

Crypto-monnaie ou cryptoactifs :

Une cryptomonnaie est une monnaie numérique, décentralisée, virtuelle, sans support physique ni organe central de régulation. Comme c’est le cas pour la monnaie traditionnelle, elle permet de réaliser des transactions financières, des achats, des virements, ou du stockage de valeur. A une différence près : tout est 100 % numérique. Une logiciel open source permet de créée la monnaie, ensuite elle est cryptée et utilisée uniquement par les personnes détenant le code de décryptage. Le code de décryptage peut-être un mot de passe, une empreinte digitale ou un élément d’identification.

C’est une alternative à la monnaie classique, qui s’échange de pair-à-pair, sans tiers de confiance. Elle présente des différences par rapport à la monnaie classique : les transactions sont très rapides, peu coûteuses, faites dans l’anonymat et sans aucun moyen de falsification. Son caractère indépendant donne de la confiance à ses utilisateurs car il n’y a pas de manipulation monétaire par les banques centrales, donc pas de risque de création excessive de monnaie, ni un seul responsable pour telle transaction.

Aujourd’hui, on comptabilise des centaines de cryptomonnaies à travers le monde. La plus connue étant, comme vous pouvez vous en douter, le bitcoin.  

Smart Contract :

[ Traduction française = contrat intelligent ]

Un Smart Contract est contenu dans la plupart des actifs numériques. En plus de la preuve de possession, il peut permettre d'autres actions comme par exemple un droit de vote.

Par exemple, le BAR, jeton du FC Barcelone, permet à tout détenteur de participer à la vie du club de différentes manières, d'éventuellement bénéficier de réductions sur les places ou de participer à des tirages au sort.

NFT = Non Fongible Token :

[ Traduction française = Jeton Non Fongible ]

Un NFT est un actif dont la particularité est son caractère unique. C’est un titre de propriété d’un bien numérique ou physique. Il peut s’agir d’une image, d’une musique ou d’une vidéo. Chaque NFT possède son smart contract dont les codes sont définis par son créateur. La valeur numérique du NFT repose sur son unicité. Cela signifie que l’on peut-être le seul à posséder tel accessoire dans un jeu, telle œuvre digitale, etc.. La Blockchain permet de garantir l’unicité de l’objet, grâce à la traçabilité.

Par exemple : un artiste réalise une œuvre digitale et la met en vente sous forme de NFT. La personne qui l'achète sera son unique détenteur, il pourra avoir accès à tout le parcours de l’œuvre sur la blockchain. C’est ainsi qu’il sera certain d’être l’unique détenteur de l'œuvre. L’historique du NFT sur la blockchain agit comme une preuve d’authenticité. Celle-ci étant impossible à falsifier. Si l’acheteur souhaite revendre son NFT, il pourra prouver sa valeur et l’artiste recevra une commission. Faire une capture d’écran d’une œuvre ne permet pas de la posséder, et heureusement !

Métavers :

[ Traduction française = au-delà de l’univers  (meta : au-delà - vers : univers) ]

Le métavers est un monde immersif ouvert, virtuel. Il est possible d’y entrer et sortir librement, de choisir un avatar et une apparence. C’est un monde parallèle, dans lequel on peut se rendre avec des casques de réalité virtuelle notamment. 

La blockchain et la cryptomonnaie permettent de faire le lien entre la réalité et le virtuel : on peut posséder un objet de valeur dans le métavers puis le revendre pour posséder de la crypto monnaie que l’on peut convertir en monnaie dans la vie réelle. 

Exchange :

[ Traduction française = échange ]

Un exchange est une plateforme qui permet d'acheter et de vendre des cryptomonnaies ou des NFT.

Elles sont plus faciles d’utilisation que les réseaux pair-à-pair classiques et permettent de faciliter l’accès au plus grand nombre pour les investissements et l’utilisation des blockchains. Les plus connues sont Binance, Coinbase, Huobi, Opensea.

On peut comparer ces places de marché exchange et les cryptomonnaies avec les bourses et les actions.

Trader et investisseurs :

[ Traduction française trader = marchand ]

On retrouve 2 grandes catégories d'utilisateurs : d’une part les investisseurs, qui vont placer de l'argent dans des projets avec des bases solides et un horizon de détention qui se compte souvent en années. D’autre part, les traders qui ont une vision à court terme (parfois même quelques secondes ou quelques minutes) et qui réagissent davantage aux mouvements de prix qu'aux fondamentaux des projets.

Quel fonctionnement ?

Un cryptoactif est considéré comme une monnaie virtuelle mais juridiquement on ne peut pas réellement lui accorder ce terme car ce n’est pas vraiment une monnaie. Les cryptoactifs sont créés par les particuliers, contrôlés par d’autres particuliers et utilisés par d’autres particuliers. Il n’est pas nécessaire d’avoir un compte dans une banque physique pour pouvoir effectuer des transactions.

Les cryptoactifs sont sécurisés par des « clés » qui permettent d’accéder à son portefeuille numérique. A l’intérieur de ce portefeuille numérique, on retrouve les jetons (token), c’est l’unité de la cryptomonnaie. Pour schématiser, si on prend l’exemple de l’euro : le cryptoactif est l’euro, et le jeton est une pièce de monnaie. La valeur d’un cryptoactif dépend de sa popularité et de son utilisation. L’effet de réseau est donc important pour se développer. Plus le cryptoactif aura d'utilisateurs, plus il y aura de transactions et donc plus il aura de valeur. Vous en avez peut-être eu vent, Facebook a lancé son projet de cryptoactifs, pour avoir sa propre monnaie virtuelle « Libra » qui pourrait être utilisée par ses plus de 2 milliards d’usagers à travers le monde.

Le marché est dominé principalement par le Bitcoin (876,6 milliards d’euros) qui se trouve en première place, suivi par l’Ethereum (410,5 milliards d’euros). Ces deux premiers cryptoactifs représentent près de deux tiers de la valeur totale du marché. Fin 2021, il existait 5 023 cryptoactifs, pour une valeur totale de 2 031 milliards d’euros

Un moyen de paiement ?

Selon l’article L. 111-5 du Code monétaire et financier, la seule monnaie avec un cours légal en France est l’euro. C’est la seule monnaie reconnue et acceptée par tous en tant que moyen de paiement. Aussi, les 3 conditions pour qu’une monnaie soit acceptée en tant que moyen de paiement sont : la présence d’un intermédiaire pour les échanges, avoir une unité de compte et être réserve de valeur.

Or, les cryptoactifs ne remplissent que partiellement les 3 conditions :

-        Intermédiaires : il n’existe pas d’organisme de contrôle attitré pour les cryptomonnaies, c’est un système décentralisé. Cela fait opposition avec les banques centrales qui sont là pour ajuster la quantité de monnaie en fonction de la demande afin de contrôler la hausse ou la baisse brutale des cours.

-        Unité de compte : les cryptomonnaies sont très volatiles, les valeurs peuvent changer tous les jours, même toutes les secondes et de façon très importante. Cela signifie que les individus ne peuvent pas avoir une stabilité dans le temps sur la valeur de leurs cryptomonnaies.

-        Réserve de valeur : les cryptoactifs peuvent être stockés mais ils prennent de la valeur lorsque des transactions sont effectuées. Donc pour faire prendre de la valeur aux cryptoactifs, il est nécessaire de faire de la spéculation.

Les monnaies virtuelles permettent quand même d’acheter des biens de consommation courants. Par exemple, vous pouvez acheter du matériel informatique, des bijoux, des produits culturels et même des denrées alimentaires. Il suffit que le site marchand sur lequel vous effectuez votre achat accepte le paiement en Bitcoin. Cependant, il reste difficile de se procurer des biens de la vie courante avec d’autres cryptomonnaies.

Plusieurs plateformes et enseignes proposent le paiement en cryptomonnaie. Les enseignes qui le font le plus sont souvent celles du secteur du luxe comme Tesla ou Gucci. Les plateformes, elles, permettent de payer dans la vie réelle avec une conversion des cryptoactifs en euros lors du paiement. Les secteurs financier et bancaire restent très informés des avancées de la crypto-monnaie, car elle permet d’avoir un faible coût dû à la transaction numérique.

Des placements financiers ?

Le marché des cryptomonnaies a connu une croissance fulgurante et s’institutionnalise. Il existe de multiples façons d’investir dans la cryptomonnaie, nous allons vous en présenter quelques-unes.

Le Staking : toucher un revenu régulier

 [ Traduction française = preuve de possession ]

L’investisseur réalise des transactions avec des jetons qu’il détient, et le simple fait de les utiliser lui rapporte des récompenses (souvent sous la forme d’intérêts ou de jetons). D’une part, le réseau est plus sécurisé et les échanges diminuent la consommation d’énergie de la blockchain et d’autre part, la détention de ces jetons provoque une raréfaction de l’offre et donc une hausse du cours de la crypto-monnaie en question.

Le lending et le borrowing : revenus passifs à taux avantageux

[ Traduction française : lending = prêter / borrowing = emprunter ]

L’investisseur dépose ses cryptomonnaies sur une plateforme. Il ne les utilise pas mais la plateforme se charge de les prêter à d’autres utilisateurs et en contrepartie il touche une partie des intérêts générés par le prêt. Dans l’autre sens, l’investisseur met ses cryptomonnaies sur une plateforme et peut alors emprunter une somme d’une autre cryptomonnaie. S’il emprunte une cryptomonnaie en croissance, il peut alors réaliser une plus-value.

Le crowdfunding : financements de projets

[ Traduction française = financement participatif ]

Cette forme d’investissement permet d’effectuer des levées de fonds. Ce type de placement financier dans le domaine de la crypto-monnaie s’appelle les Initial Coin Offering (ICO). La traduction est « offre publique initiale de jetons ». Les ICO sont des levées de fonds destinées à créer un nouveau type de cryptoactif. Ainsi, plutôt que de demander des crédits à leur banque pour le financement de leur projet, beaucoup d’entrepreneurs lancent des ICO. Ce sont des particuliers qui réalisent ce type d’investissement. Si le projet dans lequel ils ont investi voit le jour, alors ils recevront les premiers jetons du cryptoactif créé. Dans le cas où le projet n’aboutit pas, alors le cryptoactif ne vaut rien et la rémunération des investisseurs est nulle.

Les risques existent

Nous avons vu tous les avantages de la technologie liée aux crypto-monnaies, mais il est aussi important de parler des risques qu’elle peut provoquer.

La spéculation : 

Les crypto-monnaies ont un cours très volatil ce qui peut engendrer des pertes financières très importantes.

Le caractère immatériel : 

Le cryptoactif est par définition virtuel, alors si la blockchain sur lequel il repose est détruite alors vous pouvez perdre votre investissement car votre cryptoactif ne vaut plus rien.

L’auto-régulation : 

A l’heure actuelle, il n’existe aucune autorité de contrôle dédiée à la cryptomonnaie, alors il peut y avoir des arnaques lors des achats de jetons, des projets de cryptomonnaie factices ou encore des arnaques aux NFT.

Le caractère anonyme : 

La blockchain permet de réaliser des transactions de manière totalement anonyme, la possibilité de contourner les règles permet alors les blanchiments de capitaux ou le financement d’activités criminelles.

Le risque environnemental : 

Les progrès en matière de consommation et de pollution ont été réalisés depuis la première blockchain, mais l’impact sur l’environnement de l’utilisation des moyens technologiques liés au fonctionnement est non négligeable.

Bon à savoir : 

Il existe des solutions pour ne pas être victime d’escroquerie. Actuellement, on estime le montant des escroqueries autour de 31 millions d'euros.

Consulter la Liste noire de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) qui recense les sites d’arnaques liés aux cryptoactifs.

Pour investir une ICO, les articles 26 et 26bis de la loi PACTE permettent à l’AMF de délivrer un VISA pour une ICO qui garantit que le projet n’est pas une arnaque.

Enfin, l'AMF recommande de ne pas investir plus de 5 % de son patrimoine.

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